Mots rumeurs, mots cutter – Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini

Léa vit tranquillement son année de 3ème au collège. Tout se passait bien jusqu’au jour où tout dérape et que le harcèlement débute. Plus personne ne veut lui parler et le mal-être commence à l’envahir. Comment vivre avec ce ressenti ?


De quoi ça parle ?
Elle a pris son rythme au collège entre les cours, les récrés, le sport, les copines, les premiers flirts… Puis voilà qu’un peu de jalousie de ces copines commence à poindre. Le beau Mattéo a décidé de se mettre à côté d’elle. Doucement, ils vont se rapprocher et sortir ensemble. Ce n’est pas du goût de certaines et la jalousie va alors prendre le dessus.

Lors d’une soirée entre fille, le jeu action et vérité va faire des victimes. Léa va devoir faire un striptease. Entre copines, ce n’est pas gênant. Sauf si Lola fait une photo d’elle les seins nus et l’envoie à l’ensemble de ces contacts au collège. C’est le lendemain que Léa apprend ce qui s’est passé. Elle se demandait pourquoi les autres élèves lui jetaient des regards mauvais et la réponse la blessa profondément. Pourquoi vouloir l’humilier ainsi ?

Lola peut ainsi récupérer Mattéo. La pauvre Léa subit les insultes répétitives des autres élèves qui l’a surnomme Red Tampax. Elle devient le souffre-douleur et la tristesse l’envahit un peu plus chaque jour.


Ce que j’en pense ?
Charlotte Bousquet au clavier et Stéphanie Rubini aux crayons décident de parler du mal-être qui touchent de bien nombreux adolescents. Le harcèlement moral touche énormément d’élèves et les souffrances sont bien difficile à gérer. Les moments de répits sont assez rares et la solitude devient une amie. Ce mal-être est-il assez abordé à l’école ? Sait-on aider les jeunes qui sont touchés ?

En tout cas, cette bd n’apporte aucune réponse mais parle d’un sujet assez peu abordé. Cela peut-être un bon support pédagogique pour pouvoir parler et discuter en cours. Ou bien à la maison avec votre ado qui n’oserait peut-être pas vous en parler. Offrir cette bd c’est peut-être ouvrir une porte à la discussion ou faire comprendre que certains gestes ou actes peuvent avoir de graves décisions.

L’histoire est ancrée dans la réalité avec l’inclusion de la réalité des adolescents avec les groupes d’amis qui se font et se défont, l’importance de facebook, l’envoi continu de sms, de tweet… Je ne doute pas que d’adolescentes se retrouvent dans l’histoire. En plus, les dessins très précis crayonnés avec des couleurs pastels donnent un univers assez agréable à lire.

Une petite déception tout de même sur le choix de non-fin. Il n’est peut-être facile de choisir une fin qui soit à la fin réaliste et pas trop clichée. Mais je sens un peu frustrée de ne pas savoir comment va se terminer cette histoire. En plus, donner une fin est aussi donner des informations à des lecteurs sur des choses possibles ou à faire. J’ai l’impression d’avoir laissé Léa au milieu de quelque chose et que je n’ai pu l’aider.

Une bd intéressante malgré le choix de non-fin. Un sujet pas très souvent abordé qui mérite pourtant d’être évoqué. Peut-être est-ce le moyen d’ouvrir une porte à la parole qui a bien du mal à s’ouvrir.

L’avis de Blablamania : « Une BD essentielle qui remue, et qui aidera, je l’espère certaines jeunes filles, et jeunes hommes, à se sentir moins seul(e)s à sa lecture. Peut-être même leur permettra-t-elle d’oser en parler à des professionnels ou à leurs parents démunis (auxquels je conseille également cette lecture). « 

L’avis de Noukette : « Très subtilement, elles en décortiquent tous les mécanismes et démontrent comment une situation tristement banale peut vite tourner au drame… Édifiant. Et malheureusement très réaliste. Tout fonctionne dans cet album et rien n’est laissé au hasard. Le dessin, lui, est une merveille. Rondeur, douceur, tendresse… Loin d’édulcorer le propos, bien au contraire… »

L’avis de Bricabook : « Mots rumeurs, Mots cutter : voici une BD qu’il faudrait mettre entre les mains de tous les adolescents. Et ce, dès l’âge de 12 ans.
Tout est raconté avec une telle justesse que j’aurais pu citer deux ou trois adolescentes dont la vie aurait pu être changée avec cet album. »

L’avis de Jérôme : « Des personnalités fragiles, une vraie souffrance, une réflexion profonde sur la force de l’image. Celle que l’on voudrait préserver, cultiver. Et celle que l’on renvoie, parfois bien malgré nous. Destructrice. Aujourd’hui les nouvelles technologies et les réseaux sociaux changent fortement notre rapport au monde. Tous les faits et gestes peuvent être relayés, partagés en deux clics. La méchanceté gratuite fait ensuite le reste et l’humiliation subie est parfois impossible à supporter. Tout cela est ici abordé en finesse, sans pathos, sans en rajouter des tonnes, sans tomber dans la mise en garde moralisatrice. »

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