L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde – Robert Louis Stevenson

 

 

 

 

 

 

La nouvelle nommée L’étrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde a été publiée pour la première fois en janvier 1886. Elle raconte l’histoire, d’un notaire, Gabriel John Utterson, qui s’inquiète du lien entre son ami, le docteur Henry Jekyll et l’étrange homme qu’est Edward Hyde. Que peut lier deux hommes aussi différents ?

M. Utterson est très intrigué par le testament du docteur Jekyll. En effet, si ce dernier venait à disparaître pendant plus de trois mois ou à mourir, tous ces biens devront devenir la possession légale de M. Hyde. Il ne connaît pas cet homme. Alors lorsque son cousin éloigné, Richard Enfield, lui raconta une histoire avec un personnage à l’étrange physique qui avait percuté une jeune fille puis l’avait piétiné était prêt à faire amende honorable contre un chèque de 90 livres et 10 pièces d’or. Cela l’intrigua, mais ce qui le surprit le plus, c’est que cet homme a pénétré dans la demeure de M. Jeckyll.

Il va essayer d’en apprendre plus sur ce fameux Hyde, auprès d’un ami à Jekyll, le fameux docteur Lanyon. Mais il n’en connait pas plus que lui. Il va décider alors de faire le guet devant la maison de Jekyll, proche de l’endroit décrit par son cousin. Après quelques jours de surveillance, il va enfin le voir et aller à la rencontre. Malgré son aspect assez repoussant, l’homme se présenta et lui donna sa carte. Il craint qu’il manipule son cher ami et lui soutire de l’argent, pire qu’il convoite de le tuer pour gagner l’héritage.

Il est à demi rassurer quand son ami le rassure qu’il n’est pas sous la menace de Hyde. Dans un premier temps, puis après la raison se fait moins présente. Un membre du parlement, Sir Danvers Carew se fait assassiner et le meurtrier n’est que M. Hyde introuvable. Jekyll se montre de moins en moins et s’enferme chez lui, même ces employés de maisons ont peur. M. Lanyon meurt dans d’étranges circonstances. Que ce passe t’il ?

« C’était une vraie nuit de mars, tempétueuse et froide ; un pâle croissant de lune, couché sur le dos comme si le vent l’eût culbuté, luisait sous un tissu diaphane et léger de fuyantes effilochures nuageuses. Le vent coupait presque la parole et sa flagellation mettait le sang au visage. Il semblait en outre avoir vidé les rues de passants plus qu’à l’ordinaire ; et M. Utterson croyait n’avoir jamais vu cette partie de Londres aussi déserte. Il eût préféré le contraire ; jamais encore il n’avait éprouvé un désir aussi vif de voir et de coudoyer ses frères humains ; car en dépit de ses efforts, il avait l’esprit accablé sous un angoissant pressentiment de catastrophe. Lorsqu’ils arrivèrent sur la place, le vent y soulevait des tourbillons de poussière, et les ramures squelettiques du jardin flagellaient les grilles. »

Sa curiosité va être satisfaite après le suicide de M. Hyde dans la maison de Jekyll. Il va pouvoir lire la lettre que lui a adressée M. Lanyon ainsi que le récit de son ancien ami. La surprise est totale.

C’est à Londres en 1800 (pas de date précise) que l’auteur nous fait découvrir cette histoire d’un médecin à deux identités. Pour vivre bien, le médecin a voulu créer deux personnalités distinctes en ayant d’un côté un personnage bon avec le docteur Jekyll et l’autre mauvais dans M. Hyde. Comme si les deux éléments pouvaient être différenciés l’un de l’autre. La schizophrénie pointe le bout de son nez. Car ce n’est pas deux identités qui n’ont pas conscience l’une de l’autre, mais chacun se souvient des actions de l’autre. Une dualité qui permet d’introduire de la psychologie à ce récit fantastico-policier. On retrouve l’idée de quête dans des lieux un peu louche, des personnages étranges et de l’autre côté la gentille bourgeoisie avec des quartiers calmes et tranquilles. Un talent de conteur indéniable que nous pouvons donner à Robert Louis Stevenson.

Après quelques difficultés à rentrer dans l’histoire à cause du style. Une transition un peu difficile à la suite de la lecture d’un roman moderne. Les cinq premières pages passées, je me suis laissée aller à la rencontre des différents personnages de tout caractère. Direction les beaux quartiers, les gens de maison sans oublier un bon gros côté obscur du côté de chez Jeckyll qui prend absinthe et autres pour laisser son autre personnalité prendre le dessus. J’ai été surprise de la brièveté du texte et du fait également, qu’il ni a qu’un seul mort. L’influence du cinéma est passée par là avec un Hyde, hideux et cruelle, tuant sans vergogne la jeune femme innocente ou le politique pourri. D’ailleurs, nom original pour un « vilain » puisque to hyde signifie se cacher, idéal pour un personnage que l’on ne peut rencontrer si facilement. « Puisqu’il est M. Hyde, se disait-il, je serais M. Seek. »

Une lecture agréable et surprenante qui m’a donné envie de découvrir un peu plus l’œuvre de Stevenson. Et pour donner de nombreux visages à M. Hyde et ce si gentil Jekyll, je vais me plonger dans une filmographie assez conséquente faisant ressortir les peurs et les clichés de l’époque.

Quelques adaptations cinématographiques
– 1908 : D^r Jekyll and Mr. Hyde, court métrage muet américain réalisé par William Selig.
– 1912 : Dr. Jekyll and Mr. Hyde, court métrage muet américain réalisé par Lucius Henderson.
– 1920: Docteur Jekyll et M. Hyde (D^r Jekyll and Mr. Hyde), film muet américain réalisé par John S. Robertson.
– 1925 : D^r Pyckle and Mr. Pride, court métrage muet américain réalisé par Scott Pembrokeet Joe Rock.

– 1931 : Docteur Jekyll et M. Hyde (D^r Jekyll and Mr. Hyde), film américain réalisé par Rouben Mamoulian.
– 1941 : Docteur Jekyll et M. Hyde (D^r Jekyll and Mr. Hyde), film américain réalisé par Victor Fleming.
– 1953 : Deux nigauds contre le Dr Jekyll et Mr Hyde (Abbott and Costello Meet D^r Jekyll and Mr. Hyde), film américain réalisé par Charles Lamont.
– 1959 : Le Testament du docteur Cordelier, film français réalisé par Jean Renoir, avecJean-Louis Barrault.

– 1961 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll (The Two Faces of D^r Jekyll), film britannique réalisé par Terence Fisher.
– 1963 : Docteur Jerry et Mister Love (The Nutty Professor), film américain réalisé et avec Jerry Lewis.

– 1971 : Dr Jekyll et Sister Hyde (D^r Jekyll and Sister Hyde), film britannique réalisé parRoy Ward Baker.
– 1971 : Je suis un monstre (I, Monster), film britannique réalisé par Stephen Weeks avecChristopher Lee.
– 1981 : Dr. Jekyll et les femmes, film franco-allemand réalisé par Walerian Borowczyk
– 1982 : Jekyll and Hyde… Together Again, film américain réalisé par Jerry Belson.
– 1989 : Docteur Jekyll et M. Hyde (Edge of Sanity), film britannico-franco-américain réalisé par Gérard Kikoïne.
– 1995 : Dr. Jekyll et Ms. Hyde, film britannico-canado-américain réalisé par David Price.
– 1996 : Mary Reilly, film américano-britannique réalisé par Stephen Frears avec John Malkovich et Julia Roberts.
– 2006 : The Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde, film américain réalisé par John Carl Buechler.

L’avis de Cannibal Lecteur