Stupor Mundi – Néjib

Le savant Hannibal Qassim El Battouti est exilé en Italie. Il développe une invention qui pourrait changer la face du monde. Mais certains tapissés dans l’ombre vont empêcher l’aboutissement du travail de toute une vie. 

 


De quoi ça parle? 
Direction Bagdad où le savant Hannibal Qassim El Battouti doit fuir son pays. Un imam très puissant refuse que la science puisse influencer le dogmatisme religieux. Il doit fuir. Dans cette fuite, il va perdre sa femme qu’il aimait tant. Mais il a pu sauver sa petite fille Houdè qui ne peut plus marcher et son esclave, El Ghoul. 

Son génie a été vanté au delà des frontières. C’est ainsi que l’empereur Frédéric II dit Stupor Mundi, en Italie, va lui porter assistante en le convient dans son château. Une contrepartie va lui être demandé dans son domaine de compétence. Il va devoir créer un faux saint suaire du Christ. Et ce projet de développement avec une Camera Obscura n’est pas au goût de tous dans le Castel del Monte. Certains religieux vont lui mettre des bâtons dans les roues afin qu’il ne puisse pas aboutir à son projet. Une réponse à un de ces problèmes se trouve dans le manuscrit d’Alhazen : « kitabel Manadhir el Thani » mais le livre a été dérobé. 

Comment alors concrétiser le projet malgré les opposants au coeur du château? 


Ce que j’en pense
Néjib mélange les vraies et les fausses informations pour la création de son histoire. Par exemple, c’est bien un certain Alhazen (965-1039), considéré comme l’inventeur de la « camera oscura » et qui a théorisé l’optique moderne. Le roi Frédéric 2, deux fois excommunié par le pape a bien hébergé des scientifiques dans son château de Castel del Monte. Une grosse prise de risque importante à une époque où le pouvoir des religieux étaient très importantes et qui ne souhaitaient aucune remise en cause ni de leur pouvoir, ni de leur croyance. 

Le rôle de l’image est capitale ici que cela soit en Orient ou en Occident. Qu’est-ce qu’elle peut révéler? Le mystère est là et beaucoup ne souhaite pas avoir la réponse. Ce développement technique pose de nombreuses questions sur les relations entre science, religion et pouvoir. Si Frédéric II avait le St suaire en sa possession, c’est bien des empires qu’il aurait pu avoir à ces pieds. 

Tous les personnages ont des côtés sombres. J’ai beaucoup aimé le personnage de la petite fille très maligne, à la mémoire photographique impressionnante. Depuis la mort de sa mère, elle ne peut plus marcher. Elle veut savoir ce qui c’est passé ce fameux jour où ils ont fuir mais son père lui refuse de lui dire la vérité. C’est au sein du château qu’elle va découvrir une aide un peu particulière avec un psychologue qui pratique l’hypnose qui se prénomme tout simplement Sigismond. Ce nom ne vous rappelle rien?  


Le récit de cette enfance rend la fillette très touchante. Tout comme son esclave, El Ghoul qui la transporte sur lui. L’homme a un physique assez étrange et porte en permanence un masque. Pourquoi est-il aussi asservi? Pourquoi écoute t’il si aveuglément tous les ordres qu’on lui donne? Son passé est empli de souffrance et de douleur. Pour rattraper son passé sanglant, il fera tout pour sauver l’enfant et son père. Sa vie n’a pas de sens sans cela. Un personnage que l’on découvre progressivement et a qui je me suis attachée. 

J’ai eu des difficultés au début pour rentrer dans l’histoire à cause du dessin. Puis petit à petit le récit prend le dessus avec la force de ces personnages et du conflit entre la science et la religion. Entre les phylactère règne une atmosphère d’érudition, de savoir et de mort. La connaissance pourra t’elle alors régner un jour sur l’obscurantisme? 

L’avis de Noukette : « Stupor Mundi est un vrai bonheur de lecture tant il est truffé de références, Le nom de la Rose d’Umberto Eco en tête. Les personnages ont tous leur part d’ombre, se dévoilent au fil des pages, doivent gérer leur histoire personnelle dans une Histoire chaotique en pleine mutation. Le menu offert par Néjib est copieux mais curieusement très digeste. Oscillant entre réalité historique et pure fiction, il tisse un récit ambitieux d’une grande intelligence et d’une grande finesse. A tel point que mes réticences quant au dessin se sont vite envolées…! A découvrir !« 

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