Petite Poussette – Michel Serres

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Ils sont formatés par les médias, diffusés par des adultes qui ont méticuleusement détruit leur faculté d’attention en réduisant la durée des images à sept secondes et le temps des réponses aux questions à quinze, chiffres officiels; dont le mot le plus répété est « mort » et l’image le plus représentée celle de cadavres. Dès l’âge de douze ans, ces adultes-là les forcèrent à voir plus de vingt mille meurtres. 

Ils sont formatés par la publicité : comment peut-on leur apprendre que le mot « relais », en langue française, s’écrit « -ais » alors qu’il est affiché dans toutes les gares « -ay »? Comment peut-on leur apprendre le système métrique quand, le plus sottement du monde, la SNCF leur fourgue des S’Miles? 

Sans que nous nous en apercevions, un nouvel humain est né, pendant un intervalle bref, celui nous sépare des années 1970.
Il ou elle n’a plus le même corps, la même espérance de vie, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde, ne vit plus dans la même nature, n’habite plus le même espace.

De jadis jusqu’à naguère, nous vivions d’appartenances : français, catholique, juifs, protestants, musulmans, athées, gascons ou picards, femmes ou mâles, indigents ou fortunés…, nous appartenions à des régions, des religions, des cultures, rurales ou urbaines, des équipes, des communes, un sexe, un patois, un parti, la Patrie. 

On dit partout mortes les idéologies : ce sont les appartenances qu’elles recrutaient qui s’évanouissent.

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4ème de couverture
Le monde a tellement changé que les jeunes se doivent de tout réinventer ! Pour Michel Serres, un nouvel humain est né, il le baptise  » Petite Poucette « , notamment pour sa capacité à envoyer des messages avec son pouce. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, – le passage aux nouvelles technologies – tout aussi majeure, s’accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises. Devant ces métamorphoses, suspendons notre jugement. Ni progrès, ni catastrophe, ni bien ni mal, c’est la réalité et il faut faire avec.Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… mais il faut lui faire confiance !

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Mon avis
Une lecture que j’avais hésité à faire quand tous mes collègues me parlait de cette Petite poucette comme une référence dans les pratiques du numérique. Mais je n’ai pas voulu le lire. Puis suite à un passage dans une émission littéraire sur France 5, j’ai été tenté. Par chance, l’ouvrage a été commandé à la médiathèque, il m’a fallu peu de temps pour l’obtenir.

Une fois en main, il passa devant toutes les lectures à faire pour le mois de juin. En plus, c’est écrit assez gros, comme pour les mal-voyants, la lecture c’est faîtes assez rapidement. La lecture se fait assez vite et débute avec beaucoup de curiosité. En effet, la société a évolué, a muté dans tous les sens du terme. Puis il s’égare pour moi à grand renfort de comparaison d’intellectuelles et de quelques mots savants comme sérendipité ou des phrases tel « Le moteur de recherche peut, parfois, remplacer l’abstraction. » Encore un chercheur qui veut expliquer le monde aux autres, à ceux d’en bas.

Je ne suis pas d’accord sur le fait que l’enseignement oral devient en partie inutile car on peut avoir accès à tous le savoir partout. Ce qui n’est pas vrai. Il faut avoir envie de chercher, savoir comment chercher, comprendre ce qu’on lit, regrouper des lectures, des vidéos, des photos. On apprend beaucoup par l’écoute et par l’échange. Internet et objets interactifs ne nuisent pas à l’écoute oral et l’apprentissage, au contraire. Si les gens chuchotent pendant les cours, c’est qu’ils sont irrespectueux.

Vue les éloges de beaucoup, il faudra peut-être que je le lise avec un esprit plus tranquille. Mais j’en ai marre de ces gens qui parle du numérique sans pratiquer.

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2 commentaires

  1. […] 1. Eric-Emmanuel Schmitt – Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran 2. Kressmann Taylor – Inconnu à cette adresse 3. Franck Pavloff – Matin Brun 4. Amélie Nothomb – Les combustibles 5. Anna Gavalda – 35 kilos d’espoir 6. Eric-Emmanuel Schmitt – Oscar et la dame en rose 7. Eric-Emmanuel Schmitt – Milarepa 8. Régis de Sà Moreira – Le Libraire 9. Iain Levison – Une canaille et demie 10. Alessandro Baricco – Novecento : pianiste 11. Eric-Emmanuel Schmitt – La secte des égoïstes 12. Dino Buzzati – Le K 13. Alan Bennett – La Reine des lectrices 14. Jean-Yves Sarazin – Cartes et images des Nouveaux mondes 15. François Morel – Les compliments 16. Roberto Vecchioni – Le libraire de Sélinonte 17. Daniel Pennac – Comme un roman 18. Jacques Le Goff – Le Moyen Age expliqué aux enfants 19. Ray Bradbury – Fahrenheit 451 20. Henriette Bichonnier/Pef – Le retour du monstre poilu 21. Alessandro Baricco – Soie 22. Helene Hanff – 84, Charing Cross Road 23. Stefan Zweig – 24h dans la vie d’une femme 24. Jean Teulé – Le magasin des suicides 25. Thierry Jonquet – La folle aventure des Bleus… suivi de DRH 26. Eric-Emmanuel Schmitt – La rêveuse d’Ostende 27. David Levithan – Dictionnaire d’un amour  28. Christophe Blain – En cuisine avec Alain Passard 29. David Donachie – Trafic au plus bas  30. Les mots pour les amoureux des livres 31. Kaoru Mori – Shirley 32. Muriel Barbery – L’élégance du hérisson 33. Jonathan Coe – La pluie, avant qu’elle tombe 34. Marguerite Abouet – Akissi – Attaque de chats – tome 1 35. Diglee – Confession d’une glitter addict 36. Florence Cestac – J’aime pas les qui se prennent pour… 37. Nicolas Bianco-Levrin et Julie Rembauville – Les mots 38. Rob Reger – Voir c’est décevoir?  39. Sandrine Bonini – Secret 40. Nathaniel Hawthorne – La lettre écarlate 41. Italo Calvino – Le chevalier inexistant 42. Nicolas Poupon – Le fond du bocal – Tome 3 43. Joachim Zelter – Chômeurs Academy 44. Stefan Zweig – Lettre d’une inconnue 45. Les métiers de la culture et du patrimoine 46. Simon Hureau – Le massacre 47. Jean Regnaud et Emile Bravo – Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill 48. Jonathan Coe – La vie très privée de Mr Sim 49. Luis Sepulveda – Le vieux qui lisait des romans d’amour  50. Ted Naifeh – Courtney Crumrin – L’assemblée des sorciers – Tome 2 51. Daniel Pennac – Le roman d’Ernest et Célestine 52. Jirô Taniguchi – Le ciel radieux 53. Charles Bukowski – Apporte-moi de l’Amour 54. Ted Naifeh – Courtney Crumrin et les choses de la nuit – Tome 1 55. Ted Naifeh – Courtney Crumrin et le royaume des ombres – Tome 3 56. Brigitte Sibertin-Blanc Durand – Mémoires d’une bibliothécaire 57. Gabrielle Vincent – Un jour, un chien 58. Nolwen – Birdy’s 59. Jirô Taniguchi – L’homme qui marche 60. Boulet – Notes – Songe est mensonge 61. Raphaël Sarfati et Valérie Villieu – Little Joséphine 62. Romain Multier et Gilles Tévessin – Un taxi nommé Nadir  63. Francis Scott Fitzgerald – Gatsby 64. Ted Naifeh – Portrait du sorcier en jeune homme 65. Iain Levison – Arrêtez-moi là 66. David Foenkinos – La délicatesse 67. Annie François – Bouquiner  68. Ted Naifeh – Courtney Crumrin et l’apprentie sorcière 69. Ted Naifeh – Courtney Crumrin et le dernier sortilège 70. Eric-Emmanuel Schmitt – Les deux messieurs de Bruxelles 71. Jirô Taniguchi – La montagne magique 72. Jirô Taniguchi et Masuyaki Kusumi – Le promeneur 73. Jirô Taniguchi – Un zoo en hiver 74. Bertrand Santini et Bertrand Gatignol – Comment j’ai raté ma vie 75. John Fante – Mon chien stupide 76 et 77 – Jirô Taniguchi – Quartier Lointain tome 1 et 2 78. John Burningham – France 79. Marc Villard – La guitare de Bo Diddley 80. Jonathan Coe – Testament à l’anglaise 81. David Prudhomme – Rébétiko 82. Michel Serres – Petite Poucette […]

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